Vincent Detaille, médecin du sport à La Clinique du Ter “Presque plus intéressant de se remettre au sport après 40 ans”
“ Presque plus intéressant de se remettre au sport après 40 ans ”
Parmi les bonnes résolutions 2025,
de nombreuses personnes entendent se
remettre au sport. Encore faut-il être bien
accompagné. Les conseils pour réussir
sa reprise d’une activité physique avec
le docteur Vincent Detaille, médecin du sport
de la Clinique du Ter à Plœmeur, de l’équipe
de France de football féminine et du Comité
paralympique et sportif français.
Le passage à la nouvelle année incite souvent à se remettre au sport. Pouvez-vous rappeler les bienfaits d’une reprise de l’activité sportive sur la santé ?
Sur le plan physique, le sport agit au niveau cardio-pulmonaire et prémunit de l’obésité ou de la perte musculaire avec l’âge. On sait aujourd’hui que la pratique d’une activité physique prévient contre le diabète et limite les risques de cancer. Il y a aussi des répercussions psychologiques quand on pratique du sport. On ressent un bien-être avec des effets antidépressifs et l’évacuation du stress.
Quelles sont vos préconisations pour la reprise du sport quand on a déjà été un pratiquant assidu ?
Parfois les anciens pratiquants rencontrent des difficultés à se remettre à un sport qu’ils ont déjà fait. Ils ont tendance à vouloir se comparer par rapport à leurs anciennes performances. Ce qui peut générer de la frustration. C’est souvent plus facile pour eux de changer de sport. Pour ceux ou celles qui veulent reprendre leur ancien sport, ils doivent accepter de repartir à zéro avec une progressivité dans la reprise sous peine de se blesser ou de s’exposer à des problèmes cardiaques et vasculaires.
Je conseille souvent de démarrer par un programme d’endurance comme la course, le vélo ou la natation. Si l’on veut par exemple se remettre au football, mieux vaut éviter de rester 90 minutes sur le terrain. On peut aussi choisir de jouer à un autre poste sur le terrain moins exposé sur physiquement. C’est valable aussi pour le tennis en choisissant pour débuter de jouer des matchs d’un set avec des balles intermédiaires.
Et pour des personnes qui n’ont jamais pratiqué de sport ?
Elles ont souvent une forte motivation. Je leur conseille de démarrer par de l’endurance en y ajoutant un côté ludique. Il y a également des sports plus accessibles. Si l’on veut pratiquer un sport de raquette, mieux vaut faire du padel que du tennis pour prendre immédiatement du plaisir.
L’important est de savoir ce que l’on recherche dans la pratique d’un sport : de l’interaction sociale, de l’intensité, de l’amusement ou de la perte de poids. Il est très important de faire le point puis d’orienter une personne vers un sport avec une pratique encadrée au sein d’un programme comme nous le proposons au sein de la Clinique du Ter ou dans un club.
Existe-t-il un âge limite pour reprendre le sport ?
C’est presque plus intéressant de se remettre au sport après 40 ans, à un âge où l'on commence à subir une perte musculaire. Cela nécessite un accompagnement. Nous recommandons de passer des tests d’effort. Lesquels sont pris en charge après 40 ans. Il faut réaliser un bilan de cardiologie et un autre ostéo-articulaire. Si l’on a un problème de cartilage au niveau du genou, il vaut mieux par exemple éviter de se préparer pour un marathon. Une fois les examens faits, nous pouvons orienter les patients vers un sport adapté.
Le suivi est-il différent pour une femme qui reprend le sport ?
Au sein de la Clinique du Ter, nous avons un projet sur la pratique du sport au moment de la ménopause. Il y a très peu d’études sur le sujet. Or les fluctuations hormonales liées à la ménopause ont des répercussions musculaires et psychologiques. Il est important que les femmes se rapprochent de gynécologues du sport. C’est ce que nous préconisons au sein de la Clinique du Ter.
Que proposez-vous au sein du pôle sport et santé de la Clinique du Ter ?
Les personnes ont la possibilité de prendre rendez-vous pour une consultation auprès d’un des médecins du sport de la Clinique du Ter. On leur pose des questions pour comprendre ce qui les motive à vouloir reprendre le sport, si elles ont des idées de disciplines. On recherche les antécédents qui pourraient avoir des conséquences sur la reprise des activités sportives ou qui justifieraient des adaptations : diabète, surpoids, asthme... On réalise ensuite des examens cliniques cardio-pulmonaires et ostéo-articulaires. Les personnes plus âgées passent des tests d’effort avec l’avis d’un cardiologue. En cas d’obésité, il y a des consultations organisées avec un diététicien. Nous réalisons une synthèse globale et nous suggérons des sports.
On recommande de ne pas reprendre le sport tout seul. Cela peut passer par un plan d’entraînement d’activité physique adaptée au sein du pôle sport et santé de la Clinique du Ter.
Êtes-vous en mesure d’accueillir des personnes en situation de handicap ?
L’approche de la Clinique du Ter est la même pour des personnes valides que pour celles en situation de handicap. Les bienfaits du sport sont identiques. Il n’y a pas de différence dans l’accompagnement si ce n’est qu’il faut tenir compte du handicap.
Propos recueillis par BMO
REPÈRES
Médecin de médecine physique et de réadaptation et médecin du sport, Vincent Detaille a mis en place en 2023 un pôle sport à la Clinique du Ter. Médecin de l’équipe de France féminine de football, il a également été président de la commission médicale du Comité paralympique et sportif français. Dans ce cadre, il a assuré la coordination médicale des différentes équipes de France pour les Jeux paralympiques de Paris.