Pont-Aven - Des sorcières bien aimées
Dans le cadre de ses 40 ans, le Musée de Pont-Aven accueille jusqu’au 16 novembre 2025 une nouvelle exposition intitulée Sorcières de 1860 à 1920, fantasmes, savoirs, liberté. De quoi porter un regard bienveillant sur une figure controversée dans l’imaginaire collectif.
Eugène Grasset, Trois femmes et trois loups, vers 1892
“ C‘est l’historien Jules Michelet qui, en 1862, avec la publication de son ouvrage La Sorcière, va lui donner une figure plus positive ” Sophie Kervran, conservatrice en cheffe du Musée de Pont-Aven
À la fois femme fatale, tentatrice, incarnation du mal et de la vieillesse ou personnage doté d’un pouvoir surnaturel, la sorcière prend de multiples facettes, souvent peu élogieuses, dans l’imaginaire collectif. « C’est l’historien Jules Michelet qui, en 1862 avec la publication de son ouvrage La Sorcière, va lui donner une figure plus positive. Laquelle ira jusqu’à influencer les mouvements féministes dans les années 1970 », explique Sophie Kervran, conservatrice en cheffe du Musée de Pont-Aven qui présente une exposition jusqu’au 16 novembre intitulée Sorcières, fantasmes, savoirs, liberté. En partenariat avec le Musée d’Orsay, cette exposition qui regroupe plus de 200 œuvres se concentre sur la période allant de 1860 à 1920. Le parcours s’articule en trois grandes sections : le feu de la nuit, le feu au corps et le feu du savoir. La visite regorge de pépites. On peut ainsi découvrir des illustrations de Victor Hugo tirées de son Poème de la Sorcière (1872-1873), le tableau Les Lavandières de la nuit (1861) du peintre breton Yan’ Dargent qui a inspiré les paysages dans le Blanche Neige de Walt Disney ou encore le dessin Salomé (1905) de Pablo Picasso.
Une figure ambivalente
L’ambivalence de la figure de la sorcière se perçoit dès le début du parcours avec un tondo de Gustave Moreau d’une femme médusée. Laquelle « se présente à la fois comme victime et accusatrice », relève Leïla Jarbouai, conservatrice en cheffe du musée d’Orsay et commissaire de l’exposition avec Sophie Kervran. L’œuvre d’Eugène Grasset, Trois femmes et trois loups (1892), suscite la même ambiguïté. « Est-ce que ce sont ces femmes qui chassent ou ce sont elles qui sont chassées par les loups ? », questionne Sophie Kervran. Dans la dernière partie de l’exposition, on reste saisi devant le contraste entre Paul-Elie Ranson qui porte un regard presque outrancier de sa Sorcière au chat noir (1893) et Cécilia Beaux qui représente une sorcière à la beauté ravageuse dans son tableau Sita et Sarita (1893-1894). Avec cette exposition, le Musée de Pont-Aven parvient une nouvelle fois à sublimer les figures féminines dans l’art et à faire aimer les sorcières. BMO
SORCIÈRES ! 1860-1920 FANTASMES, SAVOIRS, LIBERTÉ
Jusqu’au DIM 16 NOV
Ouvert tous les jours en juillet et août de 10h à 19h
Musée de PONT-AVEN
museepontaven.fr