1945 : Pourquoi la Bretagne a été libérée si tard
Lorient et une vingtaine de communes, des limites du Finistère jusqu’à la presqu’île de Quiberon, ont dû attendre le 10 mai 1945 avant d'être officiellement libérées par les forces alliées.
© Collection Archives de Lorient
Plus de 24 000 soldats de l’armée allemande ont été faits prisonniers à la libération de la poche de Lorient. Ici à Plouharnel dans la presqu’île de Quiberon.
Sur la façade atlantique, Saint- Nazaire, La Rochelle ou encore Lorient ont dû attendre la capitulation allemande du 8 mai 1945 pour être enfin libérées. Ces « poches » aux mains d’armées allemandes affamées mais aguerries sont tombées 11 mois après le débarquement de Normandie. Retour en 4 points sur cette histoire méconnue dont l’agglomération de Lorient fête le 80e anniversaire de la Libération le 10 mai prochain.
1 - La création des poches
Juste après la percée d’Avranches, les troupes américaines libèrent progressivement la Bretagne de l’occupation allemande. La « forteresse » de Saint- Malo tombe en août 1944, celle de Brest le 19 septembre. Contre toute attente, le haut commandement américain refuse de libérer les ports plus au sud de Lorient et de Saint-Nazaire solidement défendus. Ces deux bases sous-marines sont devenues soudainement moins stratégiques avec l’avancée des alliés vers l’est et le nord de la France. Dans le même temps, Hitler donne l’ordre à ses troupes disséminées un peu partout en Bretagne de se replier vers Lorient et Saint-Nazaire pour gêner l’approvisionnement logistique des alliés.
2 - Les combattants
À Lorient, l’armée allemande se montre très aguerrie. Parmi, les 26 000 soldats de la « poche » qui s’étend sur 23 communes, on retrouve des parachutistes, des marins et des forces supplétives provenant des territoires conquis d’Europe de l’Est. Des membres de la waffen-SS, qui savent le sort qui leur sera réservé en cas de défaite, participent aussi à cette armée composite. En face, le général De Gaulle insiste pour libérer les poches de l’Atlantique malgré le revirement américain. Mal équipés et privés d’artillerie lourde, 10 000 hommes issus pour beaucoup des rangs de la Résistance encerclent la poche. À compter de décembre 1944, ils sont 20 000 à incorporer la 19e division de la nouvelle armée française avec l’intégration de fusiller-marins, de troupes des Forces françaises de l’Ouest et des FFI de toute la Bretagne. Dans cette guerre de position, les Allemands font des incursions pour chercher de la nourriture.
3 - Les civils
Depuis les bombardements de 1943, la ville de Lorient est en grande partie vidée de ses habitants. 19 000 « empochés » sont toutefois enfermés dans une zone qui s’étend sur 54 km. Des trêves organisées par la Croix Rouge permettront d’évacuer une partie d’entre eux. Au moment de la libération, il reste 8 000 civils dans la poche.
4 - La Libération
Quelques jours après l’annonce de la mort d’Hitler, les Allemands signent la capitulation le 7 mai à Étel. Le 10 mai, la reddition est actée à Caudan. Plus 24 000 soldats sont faits prisonniers. BMO
Pour aller plus loin
> Sortir de la 2nde Guerre mondiale - épisode 3 : la libération des poches de l’Atlantique, France Culture – La Fabrique de L’Histoire
> Les poches de l’Atlantique 1944-1945, Le dernier acte de la Seconde Guerre mondiale en France, sous la direction de Michel Catala, Presse Universitaire de Rennes
© Collection Archives de Lorient
La Libération de la poche de Lorient