Portrait • Bernard Bouin, artiste à Vannes (56) • Une vie de peintre

À 78 ans, le Vannetais prépare une nouvelle exposition en hommage à Nicolas Poussin, l’un de ses maîtres avec Piero della Francesca et Edward Hopper.

 
 

Elle est encore accrochée dans l’atelier de sa maison à Vannes. La dernière œuvre de Bernard Bouin captive autant qu’elle remue. Fermé, le polyptyque reprend Le Massacre des Innocents peint par Nicolas Poussin vers 1630. Ouvert, il revient sur la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre dernier et la riposte israélienne qui a suivi. Sans parti pris ! « Je peins pour réfléchir », confesse l’artiste âgé de 78 ans.
Réalisé au crayon pastel-blanc sur fond noir acrylique, ce tableau évocateur viendra compléter l’exposition intitulée Merci Monsieur Poussin qui se tiendra du 6 avril au 3 novembre 2024 aux Andelys, la ville natale du peintre français du XVIIe siècle. Au total, 19 peintures de Bernard Bouin seront présentées pour l’occasion dans le musée normand. Un honneur pour le Vannetais qui voue une admiration sans faille pour Nicolas Poussin. « Peu avant 1990, je tombe sur un article dans une revue d’art où Pierre Rosenberg, conservateur en chef des peintures du Musée du Louvre à l’époque, dit que s’il devait emporter une œuvre avec lui ce serait L’Hiver de Poussin. Je suis allé voir par moi-même au Louvre pourquoi. J’ai toujours besoin de me confronter avec les œuvres. » Il en revient transformé.
Jusqu’alors, les artistes qui influencent son travail se nomment Edward Hopper et Piero della Francesca. Bernard Bouin s’émerveille devant le réalisme du peintre américain du XXe siècle, attentif à la société et au paysage qui l’entoure. « Comme Hopper, je m’intéresse à la poésie urbaine, du simple lampadaire au quai de la gare. » En 1986, Bernard Bouin part en Italie sur les traces de Piero della Francesca. Cette fois, il est ébloui par la lumière et les formes géométriques qui ressortent des tableaux du peintre de la Renaissance. Avec Nicolas Poussin, Bernard Bouin lui voue une fascination pour son art de la représentation mystique et mythologique. Pour mieux décrypter le travail de son nouveau mentor, il s’attaque en 1993 à une série sur les quatre saisons. Un ensemble que verra en personne Pierre Rosenberg, devenu président directeur du Musée du Louvre, et qui retiendra son attention. Dans sa quête perpétuelle de sens, Bernard Bouin s’intéresse aussi au philosophe allemand Friedrich Nietzsche. « Je le comprends assez bien. Au fond, Nietzsche est aussi un poète et un musicien. » En 2011, après l’écoute du poème symphonique de Richard Strauss Ainsi Parlait Zarathoustra, Bernard Bouin se lance dans une présentation picturale de cette œuvre de Nietzsche qu’il expose à Venise au Palazzo Albrizzi pendant la Biennale 2013. Actuellement, un projet important est en préparation « dans une ville où Nietzsche l’a en partie composée », glisse-t-il.

Un autodidacte
Une consécration pour cet autodidacte, à la carrière de peintre bien remplie. Dans un métier où il est difficile de percer, Bernard Bouin est parvenu à enchaîner les expositions et les ventes dans les galeries. Cet enfant de La Pommeraye a commencé à peindre à 12 ans sur les berges de la Loire. « C’était plus naturel que les mathématiques. » Bon élève, il s’oriente toutefois vers des études de pharmacien. Son goût pour le contact avec les gens l’amène à ouvrir une officine à Saint-Avé, dans le Morbihan. La peinture reste un passe-temps. Il y consacre ses dimanches, puis ses mardis et vendredis. « Dès mes premières expositions en 1980, j’ai vu que ma peinture plaisait et qu’en plus je vendais des tableaux. » En 1988, il se résout à vendre sa pharmacie pour se consacrer à la peinture. À partir de 1990, la galerie Visconti en plein cœur du quartier Saint-Germain met en avant le travail de Bernard Bouin, lui ouvrant l’accès au très exigeant marché parisien, aux critiques et aux experts de l’art. « J’ai vécu de ma peinture, mais j’ai toujours voulu rester libre pour donner ma vision du monde. » Un esprit libre qui accompagne sa peinture depuis plus de 65 ans. BMO

 

Bio

1945 Naissance à La Pommeraye (49)

1972 Pharmacien à Saint-Avé (56)

1980 Expos à Nantes (44) et Rennes (35)

1988 Vente de sa pharmacie

1990 1ère expo à la galerie Visconti à Paris (75)

2004 Expo au Musée des Beaux-Arts de Vannes

2010 Installation Peinture-Musique à l’Hôtel Limur de Vannes (56)

2019 Expo au Kiosque à Vannes (56)

2024 Expo au Musée Nicolas Poussin aux Andelys (27)

POUR ALLER PLUS LOIN
bernardbouin.com

 
 
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